Archives mensuelles : novembre 2013

Un devoir de mémoire

Le livre des damnés en est à sa quatrième réimpression de la version intégrale parue en 2006 sous la bannière de Joey Cornu. Au départ, la nouvelle traduction de cette œuvre — la première étant épuisée en France (Deux Rives, Éric Losfeld, Éd. Néo, Éd. Durante) — visait deux objectifs : sortir de l’ombre un bijou de la littérature américaine, et aider au financement de la couveuse pour jeunes auteurs qu’est Joey Cornu.
Puis la révélation est arrivée. Le livre des damnés est un objet unique de connaissances et de questionnement sur la «pseudoréalité» dans laquelle nous vivons, pour reprendre un terme cher à Charles Fort. Aucune surprise au fait que des milliers de lecteurs motivés s’intéressent encore aux phénomènes réanimés par celui qu’on a appelé le prophète du surnaturel, aucune surprise non plus au fait que ces lecteurs soient séduits par l’audace des théories fortéennes et par sa prose élégante et vive. Le traducteur ne pouvait s’arrêter au Livre des damnés; il lui fallait remettre en vitrine les trois autres ouvrages de ce projet de vie que s’était donné Fort.
Merci à vous, chers lecteurs, qui rendez possible ce devoir de mémoire.

Clairvoyance

Nos pensées et nos intentions influencent-elles la réalité?

Ceci n’est pas une question-citation de Charles Fort, mais le titre d’un article paru dans INREES en juin 2013. Et la réponse donnée par Lynne McTaggart, journaliste scientifique, est oui.

En cela, Charles Fort a fait preuve de clairvoyance à une époque ou la notion de l’observateur qui influence l’objet de l’observation ne circulait pas encore dans la communauté scientifique. Dans «Talents insolites», Fort a consacré quelques chapitres à cette hypothèse, donnant en exemple Ivan Pavlov, Paul Kammerer ou encore John Worrell Keely. Étudier un phénomène sous un certain angle, travailler à confirmer ou à infirmer une hypothèse, c’est agir avec une intention. Et l’intention se nourrit du pouvoir de l’esprit.

Extrait d’une critique parue dans Solaris (186, printemps 2013)

«La première chose qui frappe à la lecture de ces essais, outre l’incroyable somme de travail qu’il a fallu pour rassembler toutes ces informations (Internet n’existait pas à cette époque!), c’est le scepticisme absolu que professe Fort. Bien qu’il prenne un malin plaisir à fustiger les scientifiques qui ne veulent pas prendre en compte ces données qui ne peuvent qu’abîmer leurs jolies théories, en vrai journaliste professionnel, Fort se garde bien de croire tout ce qu’il rapporte. Ce qui ne l’empêche pas de laisser libre cours à son sens de l’humour, particulièrement mordant…
Grâce à son acharnement à pourfendre les défenseurs de l’orthodoxie et leurs idées reçues, il faut le considérer comme le premier véritable chroniqueur/révélateur de cette réalité fantastique qui nous entoure. Charles Fort n’a jamais hésité à dévoiler les phénomènes camouflés par la science officielle, à poser les questions qui dérangent, à avancer les hypothèses les plus audacieuses dans le but de faire progresser la science. En fait, Charles Fort fut le plus crédible et le plus passionnant des forgeurs de rêveries scientifiques.
C’est d’ailleurs à ce titre que les amateurs de SF se doivent de lire ses ouvrages, ne serait-ce que pour se rappeler que le concept de Sense of wonder, si cher à la littérature de science-fiction, fera toujours partie intégrante de la nature même de l’univers qui nous entoure.
Jean Pettigrew, éditeur (Solaris)