En décembre 1919, Charles Fort publiait «Le livre des damnés» et scandalisait les milieux scientifiques qu’il accusait de glisser sous un tapis de commodes explications des anomalies à répétition, tels les pluies de grenouilles, les poltergeists, les passages d’objets lumineux dans le ciel (à une époque où l’aviation en était à ses balubtiements), les disparitions d’équipage sur des navires intacts, les statues qui suintent et tant d’autres phénomènes inexpliqués. Ce livre-culte, et les trois autres qui ont suivi, ont inspiré des auteurs comme H. P. Lovecraft et Damon Knight.
La traductrice de Charles Fort a mis six ans à rendre dans son intégralité le corpus du père de l’insolite. Durant ce pèlerinage éditorial, un accès aux dizaines de milliers de notes collectionnées par Fort et précieusement conservées à la New York Public Library; un moment de recueillement devant le logement de l’iconoclaste sur Marchmont Street à Londres, là où l’auteur a séjourné pour écumer aussi les revues savantes de la British Library; une correspondance soutenue avec des journalistes de la francophonie et des lecteurs de partout. Certains de ces lecteurs ont d’ailleurs écrit à la traductrice pour lui communiquer leurs propres expériences qui témoignent de l’extraordinaire en dehors de notre compréhension conditionnée, et lui ont posé cette quetion : qui prendra la relève de Charles Hoy Fort? Le drame d’aujourd’hui, c’est que les revues scientifiques sont devenues prudes et ne rapportent plus les faits en marge de nos notions organisées en systèmes.
L’éditrice et traductrice tenait à souligner ce centième anniversaire, puisque «Le livre des damnés» se vend depuis 2006 en Europe et contribue à financer les projets de la couveuse que représente Joey Cornu Éditeur. Charles Fort a aussi écrit des nouvelles que vous pourrez gratuitement savourer dans l’onglet «Ses œuvres».
Pour qui veut comprendre la vie du personnage, deux biographies d’intérêt ont été publiées : Charles Fort, Prophet of the unexplained (par Damon Knight) et Charles Fort, The man who invented the supernatural (par Jim Steinmeyer). Vous trouverez ces deux livres sur le site d’Amazon.
L’image est un tableau réalisé par Andy Finkle; l’artiste n’a peint que deux fois dans sa carrière le portrait amical de Fort, le premier pour un ami qui fut de la famille de l’iconoclaste, le deuxième pour la traductrice qui s’est appliquée dans toute la mesure du possible à ressusciter une pensée et une clairvoyance d’une ampleur rarement égalées.