Charles Fort

En 1919, Charles Hoy Fort publie «The Book of the Damned» aux États-Unis et crée une vive controverse dans les milieux scientifiques. L’auteur accuse les astronomes, les météorologues, les chimistes, les paléontologues et les sociétés savantes de balayer sous le tapis la manne de faits étranges qui débordent des clôtures de notre connaissance. « Règle générale, affirme-t-il, on efface l’inadmissible. »

Il se rebelle ainsi contre une discrimination qui empêche l’ouverture d’esprit et l’émerveillement de l’être humain devant les manifestations extérieures à la Terre. Les textes de Fort ont été construits sur une montagne de 60 000 notes extraites de revues scientifiques et de journaux réputés; ont circulé alors que les concepteurs d’avion rêvaient d’altitude et que la théorie du Big Bang sommeillait encore; ont fait exploser des certitudes avant les premières bombes atomiques de 1945; ont visité des terres du ciel avant qu’Armstrong ne foule la Lune en 1969; ont évoqué la possibilité d’un déclencheur externe à la vie terrienne avant que l’on ne détecte la présence de bactéries sur des météorites martiens.

Bref, Internet n’existait pas, un outil qui aurait été fort utile à l’auteur pour une tâche monumentale comme l’édification du Tãdj Mahall, et qui a permis au traducteur de corriger quelques dates et quelques noms (une indication entre [ ] dans le texte des livres). C’est dire aussi que la commission sur les ovnis et la course à l’espace n’étaient pas encore en incubation. Fort collectionnait les données sur les phénomènes insolites avec le plus grand sérieux du monde, comme d’autres collectionnent les timbres. Mais cela ne l’a pas empêché de faire preuve d’humour tout autant que de clairvoyance au travers de ses réflexions métaphysiques.

Claudie Bugnon, traductrice